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Sans doute l’un des supports parmi les plus luxueux, le parchemin a profondément modifié l’histoire de l’écriture dans les civilisations occidentales. Il a traversé les siècles depuis le Moyen-Âge pour nous parvenir dans un état de conservation extraordinaire. Il nous transmet l’histoire de nos ancêtres par ses pages manuscrites et illustrées. Quelle est son histoire ? Comment est-il fabriqué ? Quelle est son utilisation ? Nous allons découvrir ensemble cet extraordinaire support.

Tout commence en Perse

le parchemin dans l’antiquité

Le mot « parchemin » vient de « pergamena » qui veut dire « peau de Pergame« . C’est la ville d’Asie mineure où l’on retrouve les premières feuilles de parchemin datant du II^e siècle avant J.C. Pourquoi a-t-on mis au point ce nouveau support alors qu’existait à l’époque le papyrus ? Tout simplement parce que l’Egypte s’est mise progressivement à interdire les exportations de papyrus à cette même époque. Donc, il a fallu trouver un substitut pour continuer de produire des documents écrits. Il était primordial d’écrire et dessiner pour préserver les savoirs et faire passer des messages.

Avec la chute de l’empire romain et sa perte de contrôle du bassin méditerranéen, le papyrus venu d’Egypte a disparu petit à petit des supports d’écriture.

Pendant 1000 ans s’ouvre l’ère du parchemin dans le monde occidental en même temps que le Moyen-Âge.

Le parchemin au moyen-âge

Contrairement au papyrus, le parchemin est coûteux car la matière première est plus difficile à obtenir et son procédé de fabrication plus lent. Cela fait de lui un support rare et précieux. Seule une élite y avait accès.
Au Moyen-Âge, l’activité principale liée au parchemin était l’écriture et l’enluminure de livres religieux par les moines copistes dans les abbayes. Leur travail consistait à recopier avec une exécution parfaite les textes saints pour ensuite les illustrer avec des dessins peints eux aussi à la main. La dextérité et la patience pour y parvenir étaient des qualités obligatoires.

Durant un millénaire, la fabrication de livres nécessitait beaucoup de travail. Par conséquent, l’objet est devenu extrêmement rare et coûteux. Le livre se commandait sur contrat et pouvait atteindre le prix équivalent à une petite maison d’aujourd’hui. Donc, seuls les riches pouvaient se l’offrir.
La conséquence de la rareté du livre au Moyen-Âge en Europe a fait qu’il y avait peu d’accès à l’information. Le taux d’alphabétisation de l’époque était très faible par rapport à celui de l’Antiquité. On est persuadé que beaucoup d’idées et de pensées n’ont pu être écrites et se sont donc perdues.

Les livres parcheminés étaient d’une telle qualité que beaucoup d’entre eux sont parvenus jusqu’à nous dans un état presque parfait. Le parchemin est un matériau très résistant.
Il a disparu progressivement des supports d’écriture avec l’avènement du papier en Europe à partir du XIV^e siècle.
Aujourd’hui, il ne reste que trois parcheminiers en France et leur production se destine à l’industrie du luxe.

Comment fabrique-t-on un parchemin ?

Il est important de savoir que les peaux (de chèvre, de mouton ou de veau) servant au parchemin viennent des déchets de la chaîne alimentaire. On n’abat pas les animaux spécialement pour leur peau.

Comme dit précédemment, le processus de fabrication du parchemin est lent et précis. Il se divise en plusieurs étapes.
Lorsque le tanneur reçoit les peaux, il les plonge dans un bain de sel pendant 2 jours. Cela s’appelle la trempe.

Ensuite, elles sont passées dans un premier bain de savon pour dégraisser et un second bain d’enzymes pour rendre la peau propre.

Avec un mélange de chaux et de sulfure, on travaille la peau pour faire tomber les poils. Deux heures après, on dépoile la peau à l’aide d’un couteau spécial. Plus la laine est courte, plus la peau est jolie. Le climat a beaucoup d’impact sur la qualité de la peau.

Une fois la peau dépoilée, on la cadre en l’étirant avec des pinces pour la faire sécher pendant 24 heures à 38°C. À une température plus élevée, la peau deviendrait de la colle. Autrefois, on faisait sécher les peaux en extérieur plein sud.

Après l’étape du séchage, nous avons du parchemin.

Vous voyez, les étapes de fabrication requièrent une maîtrise et un savoir-faire bien précis. Pas étonnant que le parchemin coûte si cher. Pour information, copier une Bible nécessitait 650 peaux de moutons. Vous imaginez le prix de l’ouvrage !

Comment utilise-t-on un parchemin ?

Au Moyen-Âge, on utilisait principalement le parchemin pour l’écriture et l’enluminure des écrits. Les documents pouvaient être des livres, des actes, des contrats, etc. Leur contenu devait être suffisamment important pour être transmis par le biais de l’écrit.

Le stylo médiéval sur parchemin était lui aussi d’origine animale : une plume d’oiseau. On raccourcissait la plume, on biseautait la pointe et on la fendait en deux. Un réservoir se créait naturellement pour l’encre et celle-ci s’écoulait le long de la pointe.

Ecrire sur un parchemin nécessite beaucoup de contrôle. On ne peut pas faire de gestes rapides. La plume résiste pendant l’écriture. Les mouvements sont gracieux, lents et prudents. L’encre est siphonnée par les fibres du parchemin et ne bouge plus.

Pour information, il fallait une journée de travail à un moine scribe pour écrire une double-page !

Aujourd’hui, le parchemin est utilisé par les artistes calligraphes mais aussi par les décorateurs. Il peut servir de revêtement intérieur pour des étagères par exemple.
C’est une matière noble et résistante que les musiciens apprécient. Il n’y a pas si longtemps, il servait à fabriquer des percussions. Plus la peau est fine, plus le son est clair. Plus la peau est épaisse, plus le son est grave.

Vous pouvez visiter un atelier de tanneur parcheminier à Annonay, l’un des derniers encore en activité en France : il s’agit de la Maison Dumas. Pour la petite histoire, cette ville a également connu l’avènement de la manufacture du papier Canson.

Voilà pour le parchemin ! J’avoue m’être un peu prise de passion pour cet objet depuis que j’ai regardé toute une série de documentaires sur l’aventure de l’écriture depuis l’Antiquité. L’écriture est aussi un art, tout comme le dessin. Même si je pratique moins la calligraphie que le dessin, je suis très sensible à la beauté des caractères et l’émotion qu’ils peuvent transmettre.

ressources pour rédiger cet article

L’odyssée de l’écriture, documentaire ARTE
Reportage TV5 Monde – Tannerie Dumas
Le papier, Yves Delpuech
d’art et de papier, Marie-Hélène Reynaud, éditions textuel