En voyage à travers la France, je ne peux passer à côté d’une petite visite à Richard-de-Bas à Ambert. En contrebas d’une vallée, couvert de verdure, ce moulin a survécu à des siècles d’histoire et témoigne d’un savoir-faire ancestral à fabriquer le papier.
L’histoire
La première utilisation de ce moulin en tant que moulin à papier remonte à 1326. Trois croisés d’origine auvergnante ont ramené le secret de la fabrication du papier pendant leur emprisonnement à Damas pendant la 2nde croisade. En 1463, Antoine Richard, descendant d’un de ces croisés achète le moulin. Il reste en activité jusqu’en 1943.
Par la volonté de Marius Péraudeau, le moulin laissé à l’abandon est racheté et remis en état de fonctionnement pour devenir un lieu de savoir et d’apprentissage. On réussit même à fédérer les moulins avoisinant pour refaire du papier avec la méthode ancestrale.
La visite
On commence par la visite des lieux d’habitation du papetier et de ses apprentis. On découvre la façon dont ils vivaient du Moyen-Age jusqu’au XIXe siècle et les objets qu’ils utilisaient au quotidien. Il faut savoir qu’être papetier était un sacerdoce. On vivait dans le même lieu sans sortir toute l’année. De plus, un papetier était persuadé de posséder un secret unique de fabrication donc il enfermait ses apprentis avec lui dans le même logement.
On procède ensuite au laminage qui aplatit définitivement la feuille par pression. Richard-de-Bas est le lieu moulin à papier à la fois historique et artisanal. Les feuilles sont toujours filigranées avec le motif datant de 1326.
Richard-de-Bas aujourd’hui
Ce site unique est un lieu touristique incontournable en Auvergne. On organise des visites tous les quarts d’heure en haute-saison pour 1h de découverte du métier de papetier.
La production annuelle de feuilles blanches se vend auprès des artistes aquarellistes qui apprécient la qualité de sa fabrication. Par ailleurs, les papiers à inclusions peuvent servir à la réalisation de faire-parts, menus, diplômes, etc. Il sert également en restauration de livres et en reliure.
Petite note
Ce papier, si on prend un grammage inférieur à 200g/m², peut être un support d’impression sur jet d’encre et au copieur laser sans risque. Les grammages épais risquent soit de bourrer l’imprimante soit d’être aplatis lors du passage au four sur l’impression laser.
Richard-de-Bas est intimement lié à l’aventure de Canson car les Montgolfier était une grande famille de papetiers à Ambert, bien avant son implantation à Annonay.
Le musée Canson rassemble toute une histoire. Peut-être avez-vous noté lors de vos achats en magasin que la célèbre pochette à dessin format raisin s’appelle « Annonay »? Un nom curieux pour une pochette? Pas tant que ça! C’est le nom d’une ville située au nord de l’Ardèche qui va bouleverser le monde du papier d’art en France au XIXe siècle. Une famille va se démarquer pour deux innovations majeures: la montgolfière et le papier!
En voulant rejoindre l’Auvergne depuis la Drôme, j’ai souhaité m’arrêter à Annonay. Je savais que cette ville s’était rendue célèbre au XVIIIe siècle par les frères Montgolfier réalisant leur célèbre montgolfière. J’ignorais qu’ils étaient également à l’origine du célèbre papier Canson.
L’histoire associée au musée Canson
On raconte que Jean Montgolfier, ancêtre de la famille du même nom, est parti en croisade au XIIe siècle et a été fait prisonnier à Damas. A l’époque Damas est une étape importante de la route de la soie et les Arabes ont appris à faire le papier. Ainsi Jean Montgolfier a fabriqué du papier durant son emprisonnement. Lors de la libération, il est revenu avec deux autres croisés dans sa région natale, en Auvergne.
Armé du secret de la fabrication du papier, il en fait l’objet de son travail et de son commerce en Haute-Loire.
Son descendant, Jacques, papetier à Ambert, décide de quitter la région pour la ville d’Annonay en 1557. Les guerres de religion dévastent la France et il sent que sa foi protestante serait plus à l’abri en Ardèche. Il s’installe à Vidalon, à côté d’Annonay.
La famille Johannot
En 1634, la famille Johannot aussi originaire d’Ambert s’installe à Annonay. Fils de papetiers, les frères Mathieu et Barthélémy Johannot achètent un moulin à blé et le tranforment en moulin à papier. La Deûme est un ruisseau d’eau suffisamment pure pour servir à la fabrication de la pâte à papier. La famille Montgolfier présente aussi à Annonay assoit ses positions en unissant leur famille à la famille Chelles, dont les membres sont aussi papetiers.
Au XVIIIe siècle, la papeterie bat son plein en basse Auvergne et dans le Vivarais. On produit un beau papier chiffon à la forme vergée et filigranée, c’est-à-dire avec une trame lignée et un filigrane marquant l’origine du papier. Seulement on regrette le parchemin et le bel aspect lisse du vélin (peau de veau mort-né). Alors, en 1777, les Montgolfier parviennent à créer la première feuille de papier chiffon vélin, sans aspérité. Louis XVI anoblit la famille pour leur innovation.
Plus tard, Pierre Montgolfier débauche un ouvrier hollandais pour obtenir le secret de la blancheur du papier de ce pays. La pile hollandaise est une machine qui déchire les chiffons en circuit fermé grâce à un cylindre effilocheur. La pâte obtenue est bien plus blanche que la pâte française. La Manufacture Montgolfier doit se restructurer complètement et faire construire de nouveaux équipements pour s’adapter au changement. Petit à petit, on passe de l’artisanat à l’industrie.
En 1799, c’est Barthélémy Barou de la Lombardière de Canson, gendre d’Étienne de Montgolfier, qui prend la direction de la papeterie. Il lui donne son nom, investit dans de nouveaux équipements, rachète le brevet de la machine à papier qui permet de réaliser le papier non plus à la feuille mais au rouleau.
Des papiers innovants liés au musée Canson
1777: le papier vélin français 1809: le papier à calquer et coloration des pâtes (Napoléon en pleine guerre trouvera le temps de décerner le brevet d’invention à Canson) 1827: Amélioration du collage de la pâte. Apparition du Papier Canson tel que nous le connaissons. 1853: le papier photographique avec le développement de la photographie comme art à part entière. 1877: Plus de 700 références de papiers apparaissent au catalogue Canson & Montgolfier. 1887: Van Gogh peint sa Cabane aux Tournesols sur du papier Canson & Montgolfier.
Canson aujourd’hui
Canson n’a jamais cessé d’être innovant depuis la création de sa manufacture en 1557. En 1947, l’entreprise produit une pochette adaptée aux besoins scolaires, la Pochette Canson. Le Canson devient même un nom commun pour désigner un bon papier à dessin. Après de multiples fusions avec des papetiers français (Arches notamment) et même étrangers, Canson a consolidé sa position de leader en tant que producteur de papiers d’art en France. La production à Annonay n’est plus aussi intense qu’à la moitié du XXe siècle. Les usines se sont délocalisées en Chine, à la source même du papier.
L’esprit novateur
Les dernières innovations de Canson s’adaptent aux nouvelles technologies: Canson Infinity est un papier d’art pour imprimante jet d’encre haute-qualité, Canson Art-Board allie le contrecollé aux gammes de papiers d’art (Montval, Figueras, Arches), etc.
Le musée Canson
Le musée Canson contient beaucoup de lecture avec une collection d’outils nécessaires à la fabrication du papier. Le sous-sol est très impressionnant avec la grande machine à papier en fonctionnement. On se rend compte que les ouvriers ne voyaient jamais le jour et vivaient confinés dans l’usine car ils avaient la messe à côté des machines. C’est une visite intéressante pour les adultes, pas forcément adaptée aux jeunes enfants.
Toute l’année : le mercredi et le dimanche de 14h30 à 18h00 (sauf le jour de Pâques) Du 1er juillet au 1er septembre : tous les après-midi de 14h15 à 18h00
Lorsqu’on s’apprête à faire une peinture d’illustration, on utilise en général le papier comme support. Un illustrateur peut faire appel à une technique de détrempe (encre, aquarelle, gouache) ou en pâte (acrylique à 80% des suffrages, huile).
Les papiers pour l’acrylique
Il ne faut pas choisir n’importe quel papier pour travailler à l’acrylique. Cette peinture aime beaucoup le papier car celui-ci absorbe une partie de son liant. Cela accélère donc le séchage de l’acrylique et on peut difficilement travailler dans le frais. De fait, les aplats et les dégradés sont durs à exécuter.
Il existe quelques papiers dédiés à l’acrylique (Canson Figueras®, Acrylic de Clairefontaine). Ils garantissent l’adhésion parfaite des polymères et leur surface est spécialement enduite pour travailler le plus longtemps possible dans le frais. Ce sont des papiers épais de plus de 300g/m².
Pour garantir une parfaite accroche des polymères et donner une texture à mon illustration, j’apprête ma feuille de papier au gesso. Il faut toutefois prendre des précautions avant d’enduire la feuille de papier.
Ma méthode pour apprêter une feuille de papier au gesso
Ici je m’apprête à travailler sur un format raisin à l’acrylique extra-fine.
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