Ne vous est-il pas déjà arrivé de fondre devant des bébés au point de vouloir leur croquer les joues ? N’avez-vous jamais craqué pour une adorable peluche ou figurine kawaii ? Nous sommes irrésistiblement attirés par ce qui est mignon. Mais pour quelle raison ? Quel est le phénomène qui nous fait fondre devant le mignon ? Dans le monde de l’art, le mignon a clairement trouvé sa place dans tous les registres : chibi et kawaii japonais, créatures d’animation de type Croquemou ou bébé Groot. Mais comment arrivent-ils à réussir à créer du mignon sans se tromper ? Je me demande s’il y a des règles en dessin et en couleur qui me permettrait de réaliser un univers mignon, sans aller dans le super-kitsch acidulé.
J’ai exploré un peu cet univers et je me suis essayée à quelques exercices pour vraiment comprendre comment dessiner mignon.
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Comment rendre un effet cuir au feutre Copic?
Il y a plus d’un an, on m’a demandé un tutoriel pour apprendre à rendre l’effet du cuir en couleur et notamment au feutre à alcool Copic. Je présente toutes mes excuses à la personne qui était dans le besoin d’apprendre car j’ai mis beaucoup de temps à le finaliser. Rendre la matière d’un textile en couleur nécessite en premier lieu de comprendre comment elle se comporte à l’ombre et à la lumière. Ensuite, il faut mettre en pratique. Je vous propose un pas-à-pas sur des bottes en cuir.
Continuer la lectureÊtre artiste écologique : utopie ou réalité ?
Après une fin d’année 2017 fortement chargée en problématiques environnementales, je me suis demandée si l’idée de devenir un artiste écologique existait. Est-il possible dans notre situation actuelle de pratiquer la peinture et le dessin en respectant notre environnement ? Si la peinture et le dessin paraissent des activités humaines totalement innocentes, la vérité est un peu moins rose. Comment sont gérées les ressources à l’origine de nos produits et comment traite-t-on les déchets que nous générons ? Petite enquête dans un monde qui se met au vert.
Je ne suis pas arrivée tout à fait par hasard au sujet délicat des déchets liés à la pratique de l’art. En 2017, j’ai travaillé pendant plusieurs mois sur des centaines de produits artistiques en vente afin d’identifier les pictogrammes de danger et veiller à ce que l’utilisateur soit bien informé de tous les risques liés à l’emploi de certaines substances.
Au-delà des dangers sanitaires, j’ai été étonnée par la quantité de produits à ne pas jeter car nocifs à long terme pour l’environnement. En effet, ces mentions sont généralement écrites de manière à ce qu’on ne les lise pas.
Dans le panorama plutôt sombre, j’ai quand même été réconfortée par des démarches intéressantes et innovantes par les fabricants de produits d’art autour de 4 grands axes:
- la réflexion sur les matières premières employées (voir article sur Des papiers pour l’environnement)
- la fabrication recyclée
- les produits verts
- le programme de recyclage avec collecte
Être artiste écologique en favorisant les produits recyclés
Et pour commencer, laissez-moi vous parler d’une idée qui a germé dans l’esprit de trois étudiants du MIT (Massachusetts Institute of Technology) en 2012. « Sprout », littéralement « germer », est un crayon en bois de cèdre dont la mine est composée d’argile et de graphite. A l’emplacement habituel de la gomme, au bout du crayon, vous trouvez une capsule biodégradable qui comporte des graines.
Lorsque le crayon devient trop court pour être tenu dans la main, il suffit de le planter dans la terre pour obtenir une fleur ou une aromatique. Pas mal non ?
Le concept a tellement séduit les internautes que leur appel sur le web a permis de collecter 150% des fonds nécessaires pour développer la production.
L’idée forte de ce concept est bien d’offrir une nouvelle vie à un crayon que l’on croit mort. Et il renaît de ses cendres sous la forme d’une plante : voilà un bon karma pour « Sprout » !
L’artiste écologique et le recyclage
Dans l’idée de recyclage, il faut voir deux aspects: le produit fait à partir de matériaux recyclés et le recyclage des matériaux neufs.
Pour l’artiste, travailler avec des matériaux recyclés a commencé très tôt, dès le XIVe siècle en France. En effet, le papier est l’un des tous premiers outils fabriqué à l’aide de chiffons de coton récupérés et… recyclés. Mais cette production artisanale s’est vite perdue au profit de l’exploitation du bois, plus intensive et rentable, à une époque où l’idée de déforestation n’existait pas encore.
Les premiers papiers recyclés pour artistes apparaissent dans les années 90 chez les grands papetiers de France, Canson et Clairefontaine. Toutefois ils ont mauvaise presse car ils n’ont pas la qualité attendue pour le dessin et surtout, pourquoi prendre du recyclé quand le normal est bien et moins cher ?
Au début des années 2000, les mentalités commencent à changer.
Avec l’impact des lanceurs d’alerte et des études alarmistes des scientifiques, le facteur environnemental prendre place au sein de toutes les productions y compris celles des fabricants de matériel d’art.
En 2009, Staedtler, grand fabricant de crayons d’origine allemande, s’est lancé dans la création d’un crayon dont l’ensemble de sa composition et de sa fabrication permettrait une approche 100% éco-responsable : le Wopex.
Staedtler s’est rendu à l’évidence que la fabrication classique d’un crayon de haute qualité était réellement un gouffre énergétique. Une semaine est nécessaire pour un cycle de fabrication, avec l’utilisation de fours dont les températures montent à 1000°C.
Staedtler a mis au point un crayon produit par extrusion.
Cela permet d’obtenir un crayon Wopex en quelques secondes.
On pourrait se dire que s’ils accélèrent les rythmes de production et les quantités produites, alors, ils sont bien plus rentables. Eh bien non ! Repenser une ligne de production représente un très gros investissement car il faut de nouvelles machines et trouver les nouvelles matières. Le crayon Wopex est sorti sur le marché français à un prix un peu plus élevé que son égal. Ses finitions créent la surprise au niveau des utilisateurs de crayons en 2009 : il est plus lourd en main car beaucoup plus dense.
A présent, il fait partie du panorama mondial du crayon et s’est décliné sous de nombreuses variantes à prix plus bas tout en restant éco-responsable.
Être artiste écologique et valoriser des déchets
Je souhaite aussi faire mention de quelques marques qui ont introduit la notion de recyclage dans leur production : Bic, Pilot et Stabilo.
La valorisation des déchets plastiques a pris toute sa signification vers à la fin des années 2000 lorsque les premiers stylos et feutres sortent des lignes avec un taux de déchets valorisés de plus de 80%.
C’est le cas du stylo B2P (Bottle to Pen « De la bouteille au stylo ») de Pilot. Son histoire est assez ironique car c’est en France que l’idée a pris forme, sachant que le Japon est pionnier en matière de recyclage. C’est donc à Allonzier-la-Caille que le directeur de l’usine française de Pilot propose de récupérer le plastique de bouteilles d’eau recyclées, le broyer en billes de matière plastique et de fabriquer avec le stylo B2P. Le design est travaillé pour rappeler la bouteille d’eau et donc, l’origine même du stylo.
Pour la petite histoire, au sommet de Copenhague de 2009 (COP 15), aux conventions-cadre de l’ONU sur les changements climatiques, il était demandé aux participants de venir avec leur propre matériel d’écriture. Toutefois, en cas d’oubli ou perte, un B2P de Pilot personnalisé « COP 15 » serait donné.
La marque Bic a elle-aussi été mise en avant lors de la COP21 en 2015 à Paris. Contrairement à ce qu’on pense, Bic n’est plus la marque aussi jetable que l’on pense. C’est même la plus investie dans la durabilité de ses produits et la valorisation de l’intégralité de ses produits. Ecolutions, lancée en 2008, est une gamme de produits d’écriture fabriqués à partir de matériaux recyclés. Bic est allé même à étendre le concept à ses rasoirs en 2009. Fabriquer au maximum à partir de bio-matériaux pour mieux recycler ensuite.
Stabilo a développé sa gamme de feutres, notamment le célèbre Stabilo BOSS en version « green », c’est-à-dire à partir de matériaux recyclés et valorisés.
Bien sûr, il y en a d’autres qui, à présent, se mettent au goût du jour car ils n’ont plus trop le choix car les pressions sont multiples, de la part du gouvernement et des consommateurs. Si la démarche de fabriquer avec du recyclé est appréciée, elle ne résout pas tout dans le domaine de l’art.
L’artiste écologique et les produits verts
Je me suis vraiment intéressée aux changements de la pratique des arts, ceux qui sont induits par les fabricants, forcés par les gouvernements ou réclamés par les utilisateurs. Pour la partie utilisateurs, de mon expérience en magasin, les changements sont souvent voulus dans le prix : du moins cher avec une meilleure qualité. C’est la demande classique du client. Jamais on n’entend de demandes pour des produits verts, recyclés ou bio.
Je ne peux pas leur en vouloir car l’acrylique, c’est du plastique, les solvants pour la peinture à l’huile, c’est indispensable, le métal, il y en a partout, etc… MAIS ! Certains essaient de changer cette fatalité comme Sennelier, Lefranc & Bourgeois et l’Arbre à Papier.
#green for oil pour artiste écologique
Une initiative vraiment agréable de la part de Sennelier en 2017 avec une gamme de produits nommés #Green for Oil. Ce sont de nouveaux auxiliaires pour la peinture à l’huile non nocifs pour l’environnement. Leur postulat est d’utiliser la biomasse pour fabriquer des biosolvants d’origine 100% naturelle. Ces biosolvants possèdent des qualités identiques aux solvants organiques issus de l’industrie pétrolière.
Cette orientation amène de réels bénéfices pour l’artiste qui n’est plus obligé de travailler en milieu ventilé, de fermer ses pots, d’aller à la déchèterie.
#Green for Oil propose des diluants, des médiums, des vernis et un nettoyant entièrement écologiques pour la pratique de la peinture à l’huile.
Autre sujet qui ne tient à cœur : la présence de métaux lourds dans les pigments.
Pendant des siècles, les artistes broyaient leurs pigments eux-même ou le faisait faire à leurs apprentis dans leur atelier. Pour faire du blanc, on avait usage de broyer le plomb à l’huile de lin, ce qui donnait la jolie couleur « blanc d’argent » ou « blanc de plomb ». Par le passé, il était courant de reformer la pointe de son pinceau avec la salive dans la bouche. Vous imaginez donc la vie d’artiste à lécher du plomb à toutes petites doses pendant sa carrière jusqu’à ce qu’il développe les premiers symptômes du saturnisme…
Si le plomb a complètement été retiré des tubes de peintures au début du XIXe siècle, le cadmium est toujours présent.
Le cadmium est à l’origine de couleurs merveilleusement vives. Le rouge de cadmium est pour moi le rouge absolu : il est magique ! Mais terriblement dangereux si on le rejette dans l’environnement ou si on l’absorbe. Les rapports sur la toxicité du cadmium depuis 1993 sont alarmants et démontrent que sur le plan sanitaire et environnemental, son impact est énorme.
Lefranc Bourgeois, lors de la refonte de sa gamme de peinture à l’huile extra-fine en 2017, a mis un point d’honneur à proposer dans son nuancier des couleurs sans cadmium.
C’est déjà un début car même s’il propose des cadmiums dans son nuancier, il y a cette alternative.
Avoir le choix sur le même produit entre sa version classique et sa version écologique devrait pouvoir se généraliser dans le monde de la pratique artistique.
Dans le monde du papier, par exemple, je vois apparaître de petits fabricants d’albums à dessin et blocs de papier dessin qui travaillent en 100% recyclé, en France. Ils produisent sous la forme d’économie solidaire. Tout le circuit de production est maîtrisé pour garantir des produits sans chlore et des impressions à base d’encre végétale.
l’arbre aux papiers pour l’artiste ecologique
C’est le cas de l’Arbre aux Papiers dont j’ai testé leur kraft et leurs albums à dessin. Petite imprimerie créée en 1991 dans la Sarthe, le fondateur s’évertue à promouvoir une autre façon de fabriquer le papier pour être plus responsable face à l’environnement. Avec un design simple et épuré, j’ai un très bon papier pour dessiner au crayon. Evidemment, le prix est plus élevé qu’un produit équivalent chez Canson ou Clairefontaine mais les garanties écologiques sont là.
La dernière étape pour être un artiste écologique c’est de gérer ses propres déchets artistiques.
Programme de recyclage avec collecte
Lorsque nous peignons ou dessinons, nous générons, comme toute activité humaine, des déchets. Épluchures de gomme ou de crayon, pinceaux usés jusqu’à la virole, feutres vides, stylos vides… que pouvons-nous faire ?
Bic avec Terracycle pour artiste écologique
Le partenariat très solide entre Bic et le collecteur Terracycle a permis à Ubicuity de mettre au point une fabrication innovante. Bic demande à ses utilisateurs de venir déposer ses vieux stylos et marqueurs dans des collecteurs en papeterie. Ils sont ensuite récupérés et retraités par Terracycle pour recycler chaque composant du feutre ou du stylo. Ubicuity traite la matière transformée pour faire du mobilier de jardin.
Par le passé, la chaîne de magasins Le Géant des Beaux-Arts reprenait les pinceaux usagés de ses clients en offrant une remise de 20% pour en acheter des nouveaux. Cette mesure incitative pouvait s’avérer intéressante pour ceux qui jetaient les pinceaux dès qu’ils étaient hors d’usage. Evidemment, cela poussait un peu le client à racheter des pinceaux dans l’enseigne aussi. Mais avec une remise, c’était toujours bon à prendre. L’opération s’est arrêtée en 2016.
La démarche écologique chez nos fabricants de matériel d’art est en route. On voit que de réels progrès sont réalisés pour trouver des alternatives aux productions classiques et qu’elles fassent appel à moins de matière, moins d’énergie pour autant de performance. L’artiste est-il prêt à suivre cette direction et adapter ses créations aux contraintes environnementales ? Est-il prêt à abandonner l’acrylique, les solvants, les pinceaux à fibres synthétiques alors qu’ils sont moins chers ? Rien n’est moins sûr. Le travail est avant tout psychologique car pour comprendre la nécessité d’agir en éco-citoyen, il faut avoir pleinement conscience de l’impact de nos actions sur l’environnement. La bascule se fera un jour, quand nous ne pourrons plus faire autrement.
Références :
Le B2P de Pilot, stylo officiel de Copenhague
Stylo Bic écologiques : BIC et le développement durable
Green for oil
Les effets des métaux lourds sur l’environnement et la santé
Huile extra-fine Lefranc Bourgeois
L’arbre aux papiers
Programme de recyclage des instruments d’écriture