Les pigments

rayon pigments magasin
Rayon de pigments en magasin

Définition d’un pigment

Les pigments sont une matière minérale ou organique très colorante, naturelle ou synthétique, réduite en poudre. Le pigment est ensuite mélangé à un liant (huile, gomme arabique, liant acrylique, etc.) pour devenir une peinture à utiliser.

Petite histoire

On sait que les pigments ont été utilisés il y a plus de 10000 ans dans l’histoire de l’art. Il reste des traces de ces époques dans l’art pariétal (par exemple: grottes de Lascaux, Chauvet, Altamira, etc.). On utilisait des terres naturelles, du bois ou des os calcinés. En bref, on prenait ce qu’il y avait dans l’environnement.
A l’âge de Bronze (-1500 à -1000 avant JC), l’invention d’outils en fer a permis de réduire certaines roches minérales en pigments. On obtient ainsi un rouge foncé (cinabre), un rouge-orange brillant (réalgar), un jaune brillant (orpiment), un bleu foncé (lapis-lazuli), un bleu pâle (azurite) et un vert (malachite).
Au XIXe siècle, un nouveau processus industriel permet d’obtenir des pigments de synthèse. La plupart des pigments obtenus à cette époque sont encore utilisés de nos jours: jaune de chrome, jaune citron, orange de cadmium, alizarine cramoisie, vert de cobalt, vert émeraude, entre autres.
Au XXe siècle, de nouveaux pigments organiques de synthèse voient le jour: les phtalocyanines, les azoïques, les anthraquinones, les quinacridones, les indanthrènes, etc.
La palette de l’artiste est ainsi enrichie.

Utilisation

Les pigments restent avant tout des substances chimiques. Le peintre doit surveiller ses mélanges de couleurs pour éviter notamment qu’une chimie s’opère entre pigments. Les résultats pourraient être désastreux: craquèlement de la couche picturale, décoloration des couleurs, toxicité, etc.
Le pigment en lui-même n’a que peu d’utilité. On le mélange à un liant.
Le pastel sec est un pigment lié à une gomme et de l’eau et ensuite séché.
Le pastel gras et le crayon de couleur sont liés à de la cire, ce qui les rend moins fragiles que le pastel sec.
La peinture est le plus commun des débouchés pour le broyage des pigments. Broyé avec de l’huile de lin, le pigment devient de la peinture à l’huile. Avec de la gomme arabique, il devient de l’aquarelle. Avec un liant acrylique, il devient de la peinture acrylique.

pigments sennelier
Pigments Sennelier

Couleurs étude, fines et extra-fines

Les couleurs extra-fines viennent de pigments broyés très finement et fortement concentrés dans la peinture. En général, la classification extra-fine propose peu de substituts et d’imitations. Si c’est le cas, c’est que le substitut est plus pérenne que le pigment de base. Cela garantit une meilleure stabilité et conservation dans le temps. La couleur extra-fine est plus chère que les autres.
Les couleurs fines proposent plus de pigments de synthèse et de couleurs mélangées. On exclut les pigments coûteux. Cela offre une peinture moins chère que l’extra-fine.
Les couleurs d’étude sont très souvent issues de mélanges de couleurs, notamment avec du blanc. Cela rend les couleurs un peu plus ternes. On trouve aussi beaucoup de pigments de synthèse. Les couleurs étude sont moins chères que les fines. Elles sont souvent vendues en sets.
Il est important de choisir ses peintures en toute connaissance de la gamme du produit, selon son budget.

Le nom des pigments

Les noms des pigments n’ont souvent pas beaucoup de sens pour le commun des mortels. La désignation n’aide pas beaucoup à choisir la couleur qu’on recherche.
Les pigments utilisés avant le XIXe siècle ont gardé leur appellation aujourd’hui. On les nommait à l’époque en fonction de leur découvreur, le lieu de leur provenance, leur apparence ou de manière poétique.
Ceux fabriqués au XIXe siècle et après ont pris le nom chimique de leur couleur: bleu de cobalt, jaune de cadmium, bleu indanthrène, etc.
Le nuancier en magasin est là pour orienter le client vers la bonne couleur, surtout quand il n’est pas imprimé.

La permanence des pigments

La permanence est la capacité de résister à l’exposition à la lumière, le temps, l’ozone, les UV, l’acide, le milieu alcalin, l’eau, l’huile, les solvants, les détergents, l’humidité, la pollution, la chaleur, le liant avec lequel le pigment est broyé, le support sur lequel il est déposé, etc.
On la note sur les tubes avec une *. Lorsqu’il y a ***, le pigment est très résistant et ne devrait pas bouger pendant 200 ans au moins. Lorsque la notation est à *, le pigment risque de bouger au-delà de 25 ans.
La résistance à la lumière est un problème réel pour les fabricants de couleurs. Les Etats-Unis ont fondé la Société Américaine de Test de Matériel (ASTM) qui réalise des tests de résistance accélérés dans le temps. Cela permet d’évaluer la capacité d’un pigment à résister à la lumière. Par exemple, les crayons de couleur Luminance de Caran d’Ache sont issus uniquement des pigments ayant réussi le test.
Les couleurs fluorescentes, par exemple, ne résistent ni au temps ni à la lumière.

Indications sur tube de peinture
Indications sur tube de peinture

La compatibilité des pigments

Des réactions chimiques peuvent se produire entre pigments. Même si elles sont très contrôlées par les fabricants, il faut quand même être vigilant sur les rendus que certains mélanges peuvent donner.
Dans l’huile, on enveloppe les pigments d’huile et ne s’attaquent pas mutuellement. C’est pour cette raison que les plus grands nuanciers sont souvent dans la peinture à l’huile. En aquarelle, acrylique, pastels secs, le liant n’isole pas les pigments et ils peuvent interagir entre eux.
Cela peut donner des mélanges de couleurs ratés ou vieillissant mal avec le temps.
Certaines incompatibilités sont dues à des propriétés électrochimiques. Par exemple, le bleu de cobalt et la terre de Sienne peuvent granuler et ne pas donner un mélange uniforme. De même, on ne doit pas mélanger le blanc d’argent ni au cadmium ni au bleu outremer.

pigment violet
Pigment violet de cobalt

Les types de pigments

Les pigments inorganiques naturels

Ce sont des minéraux ou terres, calcinés ou non, récupérés dans la nature: terre de Sienne, azurite, malachite, noir de carbone, etc.

les pigments inorganiques synthétiques

A présent, presque tous les minéraux ou terres ont leur équivalent en synthétique. Certains nouveaux minéraux naissent grâce à la chimie. Par exemple, le bleu outremer original était issu du lapis-lazuli. Vu le prix de la matière, on a vite développé son équivalent de synthèse. Le jaune de cadmium lui aussi est né avec le développement de la chimie en 1817.

les pigments organiques synthétiques

Dans cette famille, on retrouve des pigments issus des laboratoires de chimistes: anthraquinone, azoïques, phtalocyanine, indanthrène, naphtol, quinacridone.

les pigments organiques naturels

Ce sont des pigments d’origine végétale ou animale: l’indigo, la gomme gutte, la sépia, le jaune indien, etc. Tous ont leur équivalent synthétique de nos jours.

Bibliographie:
Art hardware, Steven L. Saitzyk, 1987
Pigments purs, Sennelier
La couleur expliquée aux artistes, Isabelle Roelofs, Fabien Petillion, Eyrolles, 2012
Dictionnaire des matériaux du peintre, François Perego, Belin, 2005

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